Qu’est-ce qui nous a fait venir ce matin ? Un bébé dans une crèche, une histoire vieille de deux mille ans. Mais quelque chose au fond de nous, nous fait dire que cette histoire nous concerne. Elle a quelque chose à nous dire aujourd’hui.
Saint Jean commence son Évangile de manière étonnante pour un récit de Noël. Pas de bergers, pas d’étoile, pas d’anges dans le ciel. Il nous dit simplement : « Au commencement était le Verbe. » (Jean 1,1). C’est sa façon de nous dire que ce qui se passe à Noël dépasse infiniment notre histoire. Ce bébé que nous contemplons dans la crèche, c’est la Parole de Dieu elle-même qui prend chair, qui devient l’un de nous.
Pendant des années, Dieu a essayé de nous parler. Il a envoyé des prophètes comme Isaïe qui annonçait une bonne nouvelle de paix et de libération. Il a multiplié les signes, les appels, les promesses. Mais nous, nous avons souvent du mal à écouter, à comprendre, à nous laisser toucher par de simples paroles.
Alors Dieu a fait quelque chose d’inouï. Il n’a plus envoyé de messager. Il est venu lui-même. Il s’est fait l’un de nous. C’est cela le vrai miracle de Noël : Dieu ne reste pas au ciel dans sa toute-puissance, mais il choisit de partager notre vie, notre condition humaine, avec ses joies et ses peines.
Pensons-y un instant. Ce petit enfant dans la crèche, il aura faim comme nous, il aura soif, il pleurera, il rira. Il connaîtra l’amitié et la trahison, la fatigue du travail et la joie des rencontres. En Jésus, Dieu nous dit : « Je sais ce que c’est que d’être humain. Je suis passé par là. Tu n’es jamais seul. »
Mais saint Jean nous dit aussi quelque chose qui fait un peu mal : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jean 1,11). Cela s’est passé il y a deux mille ans, c’est vrai. Mais cela continue aujourd’hui. Combien de fois Dieu frappe-t-il à la porte de notre cœur sans que nous lui ouvrions ? Nous sommes tellement occupés, tellement préoccupés. Nous avons nos projets, nos soucis, nos agenda remplis. Et Dieu attend, patiemment, comme ce bébé dans la crèche qui ne peut rien forcer, qui ne peut qu’attendre qu’on vienne à lui.
Aujourd’hui, en ce jour de Noël, la question est simple : allons-nous lui faire de la place ? Dans nos vies débordantes, dans nos cœurs parfois fatigués ou blessés, allons-nous faire un peu de place pour celui qui vient nous apporter la paix, la lumière, l’amour ?
Entendons la merveille que Jean nous annonce : « À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. » (Jean 1,12) Entendons ! Pas des serviteurs, pas des sujets mais des enfants. Dieu ne se contente pas de se faire homme. Il nous offre de devenir ses fils et ses filles, de faire partie de sa famille. C’est le plus beau cadeau de Noël qui nous puissions recevoir : découvrir que nous sommes aimés de Dieu comme ses propres enfants.
Certains d’entre nous traversent peut-être des moments difficiles en ce Noël. Un siège vide à table, une maladie qui inquiète, un avenir incertain, une solitude qui pèse. La lumière de Noël brille justement dans les ténèbres. Dieu ne vient pas seulement quand tout va bien. Il vient surtout quand nous avons besoin de lui. Il naît dans une étable, dans le froid et la précarité, pour nous dire qu’aucune situation n’est trop difficile, trop humble, trop désespérée pour qu’il ne puisse y venir apporter sa présence.
D’autres sont peut-être venus par tradition, sans trop savoir ce qu’ils cherchent. Peut-être vous dites-vous : « J’aimerai croire, mais c’est difficile. Le monde est si dur, la vie si compliquée. » Alors, regardez simplement cet enfant dans la crèche. Nous n’avons pas besoin d’avoir toutes les réponses, d’avoir une foi parfaite. Les bergers non plus ne comprenaient pas tout. Mais ils ont vu, et ils ont fait confiance. Laissons-nous toucher par cet amour qui vient à notre rencontre. Le reste viendra peu à peu.
Ce matin, « nous avons vu sa gloire » (Jean 1,14) comme dit Jean. Pas une gloire de puissance et de domination, mais la gloire de l’amour qui se donne, qui s’abaisse, qui se fait proche. Dans ce bébé emmailloté, c’est Dieu qui nous dit : « Je t’aime. Tu comptes pour moi. Je viens te chercher là où tu es. »
En repartant d’ici tout à l’heure, nous retournerons à nos maisons, à nos tables de fête, à nos familles. Emportons avec nous cette certitude : Dieu est avec nous. Il ne nous abandonnera jamais. Et si nous lui faisons de la place, si nous acceptons de l’accueillir, alors nous devenons à notre tour porteurs de sa lumière pour les autres.
Que cette fête de Noël ravive en chacun de nous l’émerveillement, la joie et l’espérance. que le Christ qui naît aujourd’hui trouve en nos cœurs une crèche accueillante. Et qu’en le recevant, nous devenions vraiment ce que nous sommes appelés à être : des enfants de Dieu, des frères et sœurs les uns pour les autres. Amen.


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