Notre Dame du Mont Carmel… dans l’intitulé de cette solennité, se trouvent deux réalités important de la spiritualité carmélitaine : le Mont Carmel et la Vierge Marie.

Dans la tradition des Écritures, la montagne est un lieu propice pour la rencontre avec Dieu. En ce qui concerne le Mont Carmel, nous pouvons penser au prophète Élie, père du Carmel. C’est sur la montagne, dans le fin murmure d’un doux silence qu’il a fait la rencontre avec le Dieu vivant pour lequel il brule de zèle. La contemplation qu’il fait de Dieu dans le silence et la prière, lui donne la force nécessaire pour accomplir la mission à laquelle il est envoyé. Telle est toute la vocation du Carmel : contemplation et action bien unie. Et nous pouvons penser à celle qui est devenue patronne des missions, alors qu’elle n’a jamais, de son vivant, quittée le Carmel de Lisieux : Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face.

Pour nous, et comme nous l’avons prié avec l’oraison d’ouverture de cette Eucharistie, la montagne véritable qu’il nous faut gravir, c’est le Christ. C’est bien le but de la vie chrétienne : entrer dans la contemplation du Christ, se mettre face au Christ pour recevoir de lui sa propre vie et en vivre au cœur de notre monde. Voilà notre contemplation. Voilà notre apostolat.

Qui, mieux que la Vierge Marie peut nous conduire sur le chemin ? Qui mieux que la Vierge Marie peut nous ouvrir le chemin, l’accès au Christ ? La bienheureuse Vierge Marie a vécu cette rencontre en accueillant la Parole de Dieu : la méditant à tout instant dans son cœur, en étant habitée par la présence de Dieu et confiante dans la promesse. Humble, pure, pauvre et obéissante, Marie a pu dire « oui » et offrir ainsi au monde, l’ondée bienfaitrice de la grâce, l’ondée bienfaitrice de la rédemption telle que le prophète Élie l’a contemplée au Mont Carmel.

En célébrant la solennité de Notre Dame du Mont Carmel, mais aussi en répondant à l’appel de Dieu de vivre sous la protection du manteau de la Vierge bénie, en revêtant le scapulaire de l’ordre du Carmel, nous nous rappelons que nous aussi nous voulons avancer avec pleine assurance vers le trône de la grâce. Avec confiance, livrons-nous à l’amour maternelle de la Vierge Marie. Laissons-nous gagner par son amour en apprenant à nous conformer à la vie de celles et ceux qui se veulent serviteurs, frères ou enfants de cette incomparable mère.

Que la grâce de cette fête nous renouvelle dans le don de nous-même et nous aide à vivre des perfections même de cette tendre Mère. Que l’humilité, la pureté, la pauvreté et l’obéissance de la Vierge Marie soient les seuls bien que nous recherchions sur cette terre. Que nous sachions imiter cette Mère si aimable dans son amour de Dieu et du prochain. Ainsi, fort du secours de Celle qui nous a pris à l’abri de son manteau, nous parviendrons à la Montagne véritable : le Christ. Nous parviendrons à la sainteté à laquelle Dieu nous appelle. Amen.

Homélie pour la solennité de Notre Dame du Mont Carmel
prononcée au Carmel d’Amiens, ce vendredi 16 juillet 2010