Le mercredi des Cendres annonce l’entrée en Carême. Le rite de l’imposition des cendres, que nous allons vivre dans quelques instants, nous rappelle notre condition mortelle : « Souviens-toi que tu es poussières et que tu retourneras en poussière. » (Gn 3,19) Ces mots ne sont pas un appel au désespoir mais un appel confiant à revenir vers Dieu : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1,15)
Dans l’évangile (Mt 6,1-6.16-18), Jésus nous enseigne que la manière de revenir vers Dieu n’est pas dans l’ostentation mais dans la recherche d’une intimité avec lui par le jeûne, la prière et le partage.
En plein cœur de le semaine sainte Colette, et à la veille de sa fête, écoutons ce qu’elle peut nous enseigner sur ces trois piliers du carême.
La prière :
La prière est un cœur à cœur amoureux avec Dieu. Ce cœur à cœur, Colette l’a vécu dès son plus jeune âge. C’est sur les genoux de sa maman qu’elle a appris à le vivre. Celui-ci a pris de l’importance à partir du moment où elle est entrée en réclusion. Sa vie était une vie de prière intense et contemplative. Elle passait de longues heures dans ce cœur à cœur avec Dieu, à écouter sa Parole et en cherchant la volonté de Dieu. Sainte Colette nous enseigne que la prière est une profondeur de cœur avec le Seigneur, une qualité de relation avec lui.
Pendant ce carême, comment vais-je prêter attention à la prière ? En aménageant un espace dédié à celui-ci dans la maison, dans ma chambre : un lieu où je pourrai trouver du calme pour ouvrir ma Bible, lire et méditer la Parole de Dieu ? Peut-être aussi en retrouvant avec joie la prière de la communauté paroissiale. Comme religieuse, cette prière communautaire soutenait et nourrissait la prière personnelle de sainte Colette. Notre prière communautaire est aussi un lieu que je dois soigner car c’est là que le Seigneur vient parler à ses disciples.
Le jeûne :
Le jeûne vécu par sainte Colette peut nous effrayer ! Elle est connue pour avoir mené une vie d’austérité en pratiquant des jeûnes sévères et en se nourrissant très peu. Mais ne nous y trompons pas : sainte Colette n’était pas motivée par un rigorisme excessif. Elle y cherchait avant tout un désir de liberté spirituelle.
Le jeûne consiste à nous libérer de ce qui nous encombre. C’est un moyen de libérer notre cœur des attachements inutiles qui nous éloignent de Dieu et d’apprendre à aimer plus profondément.
De quoi dois-je me libérer pour me rapprocher de Dieu ? pour retrouver une liberté spirituelle ? Prendre le temps de moins manger pour consacrer plus de temps à la prière ? au partage ?
Le partage :
Ces deux premiers piliers pourraient nous faire croire que c’est pour notre petit confort spirituel personnel, pour notre propre chemin de sainteté… mais Colette nous enseigne, comme tant d’autres saints, qu’une vie heureuse est une vie donnée, une vie tournée vers les autres. C’est toute la dimension du partage, de l’aumône que nous sommes invités à vivre pendant le Carême.
Sainte Colette a consacré sa vie au renouveau spirituel de son époque. Son œuvre de réforme est motivée par un amour profond de l’Église et de ses frères et sœurs en Christ. L’aventure spirituelle n’est pas une aventure en solitaire. Elle nous tourne vers les autres et plus particulièrement vers celles et ceux qui sont dans le besoin. La charité est une œuvre qui nous transforme de l’intérieur mais qui, par son rayonnement, transforme également la communauté.
A l’image de sainte Colette, nous sommes appelés à un Carême vécu dans la joie du retour à Dieu. La conversion est un chemin exigeant mais elle est portée dans la foi, par l’espérance et l’amour : Dieu m’aime et il veut que je redécouvre la joie d’être son enfant bien-aimé ! La prière comme relation, le jeûne comme libération et le partage comme manifestation de l’amour, sont les moyens d’y parvenir !
Par l’intercession de sainte Colette, demandons au Seigneur, la grâce de pouvoir approfondir notre prière, de nous libérer de nos attachements et de vivre une charité qui transforme. Que ce carême soit un vrai temps de renaissance spirituelle ! Amen.

