Chemin de Carême à l’école de Sainte Colette

L’Évangile de ce dimanche nous présente Jésus au désert où il est confronté aux tentations. Et puisque nous clôturons, aujourd’hui, la semaine « Sainte Colette », nous regarderons comment sainte Colette peut nous inspirer sur notre chemin de carême.

Le désert : lieu de la rencontre avec Dieu

Dans l’Évangile, l’Esprit conduit Jésus au désert où, pendant quarante jours, il fait l’expérience de la solitude, du dépouillement et de la tentation. 

Après avoir cherché sa voie, sainte Colette a vécu une expérience similaire dans sa réclusion, à quelques pas de cette abbatiale. Pendant quatre ans, elle vécut dans ce « désert urbain », dans le silence, la prière et la pénitence. Ce temps de solitude ne fut pas stérile. Dans ce dépouillement radical, elle entendit l’appel à réformer l’ordre des Clarisses pour le ramener à la fidélité de la Règle primitive.

Aujourd’hui, notre monde hyperconnecté, saturé d’informations et de distractions, rend difficile cette expérience du désert. Comment notre carême peut-il être ce « désert » ? Le carême nous invite à créer délibérément des espaces de silence et de solitude dans nos vies. Non pas pour nous isoler, mais pour mieux entendre la voix de Dieu ? Où pouvons-nous, comme sainte Colette, trouver dans le silence et la simplicité, non pas un appauvrissement, mais un enrichissement de notre vie spirituelle ?

Face aux tentations, la force de la Parole de Dieu

Dans le désert, Jésus est confronté à la tentation. Elles sont de trois types :

  • « Ordonne à cette pierre de devenir du pain. » (Luc 4,3) : la tentation de réduire notre existence à la satisfaction de nos besoins matériels. Combien de fois sacrifions-nous l’essentiel pour le confort, l’accumulation, la sécurité matérielle ?
  • « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes. » (Luc 4,6) : la tentation du pouvoir, de la domination sur les autres. 
  • « D’ici jette-toi en bas. » (Luc 4,9) : la tentation de mettre Dieu à l’épreuve, d’exiger des signes spectaculaires. C’est vouloir un Dieu à notre service plutôt que de nous mettre à son service.

Ces tentations ne sont pas d’un autre âge. Ce sont les nôtres, aujourd’hui encore ! Le consumérisme effréné, la recherche de prestige, la tendance à instrumentaliser Dieu pour nos propres fins… le Carême est le moment de les identifier et d’y résister. Pour cela, imitons Jésus : il a répondu à ces tentations par la Parole de Dieu. 

Sainte Colette avait elle aussi une dévotion particulière pour l’Évangile. Dans les vicissitudes de sa vie, elle reste fidèle à sa mission en s’appuyant sur la Parole de Dieu et sur la prière.

Comment la Parole de Dieu m’aide-t-elle à résister aux tentations ?

La mémoire comme fondement de la foi

Dans la première lecture, tirée du Deutéronome, le peuple fait mémoire de son histoire avec Dieu : « Mon père était un Araméen nomade… » (Dt 26,5) Cette mémoire collective nourrit la fidélité.

Sainte Colette était profondément enracinée dans la tradition franciscaine. Elle ne voulait pas innover, mais retrouver la pureté originelle de la règle de sainte Claire. Sa réforme était un retour aux sources, une redécouverte de l’idéal de pauvreté évangélique que le temps avait obscurci.

Notre foi chrétienne n’est pas d’abord une adhésion à des idées abstraites, mais l’accueil d’une histoire de salut qui culmine dans la mort et la résurrection du Christ. Le carême est un temps pour raviver cette mémoire : nous rappeler d’où nous venons, qui nous sommes, vers où nous allons.

Prenons le temps pendant ce carême de revisiter notre propre histoire avec Dieu : quel est notre héritage spirituel ? Quelles sont les personnes, les évènements qui ont façonné notre foi ?

L’universalité du salut

Saint Paul nous rappelle dans l’épître aux Romains que le salut est offert à tous, sans distinction. Cette universalité du salut nous interpelle à plusieurs niveaux :

  • Elle nous invite à dépasser nos préjugés et nos barrières pour reconnaitre en tout homme et toute femme un frère, une sœur pour qui le Christ est mort.
  • Elle nous rappelle que l’Église n’est pas un club fermé, mais une communauté ouverte à tous, appelée à témoigner de l’amour universel de Dieu.
  • Elle nous pousse à l’annonce de l’Évangile, à partager cette bonne nouvelle avec ceux qui ne la connaissent pas encore.

Sainte Colette a vécu cette universalité de manière concrète. Bien que contemplative et recluse, elle n’était pas repliée sur elle-même. Elle accueillait tous ceux qui venaient la consulter, quelle que soit leur condition sociale.

Le carême n’est pas seulement un temps de conversion personnelle, mais aussi un temps d’ouverture aux autres, particulièrement aux plus éloignés. Comment pouvons-nous manifester concrètement que l’amour de Dieu est pour tous ? Quels gestes de solidarité pouvons-nous poser ?

Conclusion

En ce début de carême, laissons-nous inspirer par l’exemple de sainte Colette. Comme elle, entrons résolument dans notre « désert » intérieur pour y rencontrer Dieu. Comme elle, résistons aux tentations en nous appuyant du la Parole de Dieu, ravivons la mémoire de notre histoire avec Dieu.

Faisons de ce carême un véritable temps de renaissance spirituelle, où nous redécouvrons l’essentiel de notre foi : un Dieu qui nous aime, qui nous libère, et qui nous appelle à partager son amour avec tous.

Que ce carême nous conduise, renouvelés et purifiés, à la joie de Pâques. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)