La patience de Dieu: un temps pour se convertir

L’Évangile de ce dimanche commence avec une atmosphère un peu lourde. Il nous parle de morts, de catastrophes, de faits divers tragiques : des Galiléens massacrés par Pilate, des gens tués par la chute d’une tour à Jérusalem. 

Face à cette actualité, une question se pose : Pourquoi ? Pourquoi eux ? Est-ce qu’ils l’ont mérité ? Vieille question humaine ! Quand un malheur arrive, on cherche des causes, des responsabilités. Parfois même, on est tenté de dire : « Il a dû faire quelque chose de mal… » ou alors : « Dieu l’a puni… »

Jésus coupe court à ces pensées. Il répond avec fermeté : « Pensez-vous qu’ils étaient de plus grands pécheurs ? Pas du tout ! » Autrement dit : le malheur n’est pas une punition de Dieu. Il ne faut pas confondre les épreuves de la vie avec un jugement divin. Dieu ne frappe pas. Il ne se venge pas. Il ne nous envoie pas des catastrophes pour nous faire comprendre quelque chose.

Si nous avons grandi avec cette idée : « si tu fais le mal, Dieu va te punir », ou qu’« il t’arrivera des choses si tu n’es pas fidèle », il faut nous enlever cela de la tête ! Jésus nous libère de cette peur. Il dit : les gens morts dans ces drames ne sont pas plus pécheurs que les autres. Dieu ne les a pas punis.

Mais alors, pourquoi Jésus parle-t-il de tout cela ? Parce qu’il veut nous réveiller. Il nous dit : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. »

Attention ! Ces paroles ne sont pas une menace. Elles ne sont pas une alerte rouge divine. Jésus veut simplement nous dire que le temps passe et nous ne savons pas ce que demain nous réserve. La vraie question, ce n’est pas : « Pourquoi les autres ? », mais : « Et moi ? Où est-ce que j’en suis dans ma relation à Dieu ? »

Pour nous aider à réfléchir à cette question, Jésus utilise une petite parabole : l’histoire toute simple du figuier.

Ce figuier est planté dans une vigne. Depuis trois ans, il ne donne aucun fruit. Le propriétaire veut le couper. Il se dit : « il ne sert à rien, il prend de la place. » Mais le vigneron intervient et dit : « Attends encore un peu. Laisse-le cette année. Je vais bêcher la terre, mettre du fumier. Peut-être qu’il portera du fruit. » 

Ce figuier, c’est chacun de nous. Il nous arrive d’être un peu stériles dans notre foi. De ne pas prier vraiment. De manquer d’amour, de générosité. Il y a des moments où notre cœur semble sec. On ne produit pas grand-chose. Face à cela, comme le vigneron patient, Dieu ne nous condamne par. Il prend soin, il laisse du temps, il creuse autour, il nourrit, il espère.

Il dit : « Encore un peu de temps… Encore une chance… » Ce temps, c’est celui de notre conversion ! C’est le temps du carême. C’est maintenant ! Pas demain ni quand j’aurai un peu plus de temps. C’est aujourd’hui que Dieu veut bêcher la terre de mon cœur.

Dieu attend de nous, non pas des performances spirituelles mais des fruits. Ces fruits sont des gestes concrets : bonté, prière, pardon, vérité, un pas de conversion…

De cet Évangile, retenons trois choses simples :

  • Arrêtons de chercher des coupables dans les malheurs. Dieu ne punit pas. Il compatit, il souffre avec ceux qui souffrent.
  • N’attendons pas : c’est maintenant qu’il faut nous convertir. Aujourd’hui, pas dans six mois.
  • Et enfin, croyons à la patience de Dieu. Même quand on est stériles, même quand on a l’impression de ne pas avancer, Lui, il continue d’y croire. Il ne nous lâche pas.

Alors, frères et sœurs, accueillons ce temps de grâce. Laissons Dieu travailler la terre de notre cœur. Et faisons-lui cette prière toute simple : Seigneur, sois patient avec moi… et aide-moi à porter du fruit. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)