« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. » (Luc 24, 5-6)
En ce matin de Pâques, nous sommes réunis pour célébrer l’événement le plus extraordinaire de l’histoire humaine : la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce tombeau vide que découvrent les femmes venues embaumer le corps de Jésus n’est pas simplement un récit que nous commémorons, mais une réalité qui transforme aujourd’hui encore nos existences.
De la nuit à l’aurore
Rappelez-vous où nous étions il y a trois jours. Le Vendredi Saint, nous contemplions la croix, le corps brisé du Christ, l’apparent échec de sa mission. Le silence du Samedi Saint nous a laissés dans l’attente et le questionnement. Et voici qu’aujourd’hui, l’aurore se lève sur un monde radicalement nouveau. La pierre a été roulée, non pas pour permettre à Jésus de sortir, mais pour nous permettre de voir qu’il n’est plus là, qu’il est ressuscité comme il l’avait annoncé.
Cette progression des ténèbres vers la lumière n’est pas qu’un symbole. Combien d’entre nous traversent des périodes d’obscurité, de doute, de souffrance ? Les conflits internationaux, les difficultés économiques, les épreuves personnelles… Nous connaissons tous nos propres « vendredis saints » et nos « samedis saints ». Le message de Pâques est que ces moments ne sont jamais le dernier mot de notre histoire. Le Christ a transformé l’instrument de torture qu’était la croix en signe de victoire et d’espérance.
Les témoins de la Résurrection
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, ce sont des femmes qui découvrent en premier le tombeau vide. Considérées à l’époque comme des témoins peu fiables, elles deviennent pourtant les premières messagères de la Bonne Nouvelle. Pierre et Jean courent au tombeau, voient et commencent à croire.
Remarquez que la foi pascale ne naît pas d’une démonstration éclatante, mais d’une absence — un tombeau vide — et d’une rencontre personnelle avec le Ressuscité. Aujourd’hui encore, notre foi ne repose pas sur des preuves matérielles, mais sur notre rencontre personnelle avec le Christ vivant et sur le témoignage de ceux qui nous ont précédés.
La pierre roulée de nos vies
Cette pierre qui fermait le tombeau et qui a été déplacée nous parle également. Quelles sont les « pierres » qui nous enferment aujourd’hui ? La peur de l’avenir ? Le poids de nos erreurs passées ? L’amertume face aux injustices ? Le matérialisme qui étouffe notre vie spirituelle ?
Le message de Pâques est que aucune pierre n’est trop lourde pour que Dieu ne puisse la rouler. Aucune situation n’est désespérée au point que le Christ ressuscité ne puisse y apporter la vie. Comme le dit Saint Paul dans la deuxième lecture : « Cherchez les réalités d’en haut » (Col 3,1), car notre regard ne doit plus être fixé sur le tombeau, mais vers le ciel où le Christ nous précède.
Une vie nouvelle dès maintenant : Pèlerins d’espérance
La résurrection n’est pas seulement une promesse pour l’au-delà, mais une réalité qui commence ici et maintenant. Dans la première lecture des Actes des Apôtres, Pierre témoigne : « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. » (Ac 10,43) Cette vie nouvelle se manifeste par notre capacité à pardonner comme nous avons été pardonnés, à aimer comme nous avons été aimés, à espérer même quand tout semble perdu.
En cette année 2025, alors que l’Église nous invite à vivre le Jubilé sous le thème «Pèlerins d’espérance », la célébration pascale prend une dimension particulière. Car qu’est-ce que la résurrection sinon la source ultime de notre espérance ? Le Christ ressuscité nous rappelle que nous sommes tous en pèlerinage, non pas errant sans but, mais marchant avec confiance vers la promesse d’une vie renouvelée.
Être chrétien, c’est être témoin de la résurrection par notre manière de vivre. C’est refuser de se laisser enfermer dans les tombeaux du désespoir, de la haine, de l’indifférence. C’est choisir chaque jour de faire rouler la pierre qui nous sépare des autres et de Dieu. C’est devenir pèlerin d’espérance dans un monde qui en a tant besoin.
Conclusion : Jubilé et espérance pascale
Frères et sœurs, en ce jour de Pâques, au cœur de cette Année Jubilaire 2025, repartons d’ici transformés par cette Bonne Nouvelle : le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! En devenant pélerins, nous quittons symboliquement nos tombeaux personnels pour entrer dans la vie nouvelle que nous offre le Ressuscité.
Ne cherchons plus le Vivant parmi les morts. Osons la confiance, osons l’espérance, osons la joie même au cœur des difficultés. En tant que « Pèlerins d’espérance », laissons la lumière pascale éclairer notre chemin et partageons cette lumière avec tous ceux que nous rencontrons.
Que cette célébration eucharistique, où le Christ ressuscité se donne à nous dans son Corps et son Sang, nous donne la force de témoigner de cette victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine, de l’espérance sur le désespoir, aujourd’hui et tout au long de cette année jubilaire.
Christ est ressuscité ! En vérité, Il est ressuscité !

