L’Évangile que nous venons d’entendre est une prière. Une prière unique dans toute la Bible : celle que Jésus adresse à son Père juste avant sa Passion. Il n’enseigne plus. Il ne fait plus de miracles. Il prie. Et il prie pour nous.

« Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jean 17,20)

Oui, frères et sœurs, Jésus prie pour nous aujourd’hui. Il pense à nous. À notre génération. À nos communautés. À nos villes. À nos peuples. Et il demande une seule chose : « Que tous soient un. » (Jean 17,21)

1. L’unité, fruit d’une prière ancienne

Cette prière a été prononcée à Jérusalem, il y a près de deux mille ans. Et pourtant, elle atteint notre histoire récente. Corbie et Höxter, deux villes marquées par une longue histoire chrétienne — monastique, même — se sont retrouvées, après les blessures du XXᵉ siècle, pour choisir l’unité, l’amitié, la paix.

Ce que Jésus demandait à son Père, nous avons essayé de l’accomplir : que des peuples séparés, jadis ennemis, deviennent frères. Le jumelage est plus qu’un accord administratif. C’est un acte de foi en la paix. Un signe concret que l’amour est plus fort que la guerre, que l’Évangile peut traverser les siècles et guérir les blessures de l’histoire.

2. Une unité qui témoigne au monde

Jésus dit : « Qu’ils soient un… pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jean 17,21)

Frères et sœurs, l’unité entre chrétiens, entre peuples, entre cultures, n’est pas seulement une belle valeur humaine. C’est un témoignage. Jésus lie la foi du monde à notre capacité de vivre en paix, de construire la communion, de dépasser les conflits.

Chaque geste de réconciliation, chaque rencontre entre des personnes de langues différentes, chaque lien d’amitié entre nos deux villes crée un espace où le Christ peut être reconnu.

Et cela est particulièrement fort dans un monde secoué de tensions, de repli sur soi, de méfiances mutuelles. Quand nous choisissons l’unité, nous rendons le Christ visible.

3. Une unité enracinée en Dieu

Mais attention : cette unité n’est pas qu’une œuvre humaine. Jésus ne demande pas simplement que ses disciples s’entendent bien. Il prie pour une unité profonde, spirituelle, enracinée dans le cœur même de Dieu :« Qu’ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » (Jean 17,21)

Ce n’est pas une unité de façade. C’est une communion, à l’image de celle qui unit le Père et le Fils. Une unité nourrie par l’Esprit Saint, offert à tous à la Pentecôte.

Cela veut dire que la prière, le pardon, l’accueil, le service mutuel, sont les chemins très concrets de cette unité. Nos rencontres entre Corbie et Höxter — qu’elles soient culturelles, spirituelles, ou fraternelles — ne sont pas secondaires. Elles sont, en quelque sorte, sacramentelles : elles rendent visible ce que Dieu désire pour l’humanité.

Conclusion : un jumelage dans l’Esprit du Christ

Aujourd’hui, nous pouvons rendre grâce pour ce lien entre nos deux villes. Ce n’est pas seulement une belle histoire : c’est un fruit de l’Évangile.
Et nous pouvons aussi entendre l’appel de Jésus : « Que tous soient un. »Ce n’est pas un rêve. C’est notre mission.

Demandons la grâce de continuer à construire des ponts, d’être artisans d’unité, dans nos villes, nos Églises, nos familles.
Et à l’approche de la Pentecôte, prions pour que l’Esprit Saint nous donne de vivre cette unité non par stratégie, mais par amour.

Alors, oui, ensemble, nous peuvons devenir un signe pour ce monde.
Un signe que l’unité est possible.
Un signe que le Christ est vivant.
Un signe que l’amour est plus fort que tout. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)