Le baiser de Dieu: homélie pour la Pentecôte

En ce jour de Pentecôte, l’Église nous fait chanter cette magnifique séquence : « Veni Sancte Spiritus » – « Viens, Esprit Saint ». Ces mots ne sont pas qu’une simple invocation, ils sont un cri du cœur, un appel pressant vers Celui qui transforme nos vies.

« Viens, Esprit Saint, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière »

Dans notre monde souvent obscurci par les divisions, les incertitudes et les peurs, nous avons soif de cette lumière. Non pas celle des projecteurs ou des écrans qui nous éblouissent, mais cette lumière douce qui éclaire de l’intérieur, qui nous fait voir la vérité des choses et des êtres.

L’Esprit Saint est cette lumière qui nous révèle que nous sommes aimés de Dieu, que nous ne sommes jamais seuls, que chaque épreuve peut devenir chemin de croissance. Il nous aide à voir dans nos frères et sœurs, même les plus difficiles, des enfants du même Père.

« Viens, père des pauvres, viens, dispensateur des dons »

L’Esprit Saint a une prédilection pour les petits, les humbles, ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle. Il ne s’impose pas aux orgueilleux, mais se donne généreusement à ceux qui lui ouvrent leur cœur.

Saint Bernard de Clairvaux utilise une image saisissante en disant que « l’Esprit Saint est le baiser de Dieu ». Comme le baiser unit deux êtres dans l’amour, l’Esprit Saint est l’amour même qui unit le Père et le Fils, et qui nous unit à Dieu. Ce baiser divin, c’est la tendresse de Dieu qui se penche vers nous, qui nous touche au plus intime de notre être.

Regardons les Apôtres : des hommes simples, parfois peureux, souvent incompréhensifs. Et pourtant, c’est sur eux que descend ce « baiser de Dieu » pour en faire les colonnes de l’Église naissante. Il nous dit aujourd’hui : « N’aie pas peur de tes faiblesses, n’aie pas honte de tes limites. C’est précisément là que je veux déposer mon baiser de paix. »

« Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé »

Quel programme pour nos vies ! L’Esprit Saint n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades du cœur que nous sommes tous. Ce « baiser de Dieu » dont parle saint Bernard n’est pas un baiser distant ou superficiel, mais le baiser du Père qui accueille l’enfant prodigue, le baiser de la réconciliation et du pardon.

Il vient laver nos péchés, non pas pour nous humilier, mais pour nous libérer. Il vient irriguer nos cœurs desséchés par l’égoïsme ou l’indifférence. Il vient panser nos blessures les plus profondes, celles que parfois nous n’osons même pas nous avouer.

Cette œuvre de guérison se fait dans la tendresse. Car le baiser de Dieu, c’est son amour qui nous rejoint là où nous sommes, dans nos fragilités comme dans nos élans. Cette intimité divine se manifeste ensuite dans nos relations : quand l’Esprit nous habite, nous devenons à notre tour capables de cette tendresse, de cette bienveillance qui guérit.

« Donne à tes fidèles qui comptent sur toi tes sept dons sacrés »

Les sept dons de l’Esprit ne sont pas des médailles à collectionner, mais des outils pour la mission. La sagesse pour discerner, l’intelligence pour comprendre la Parole, le conseil pour accompagner, la force pour témoigner, la science pour approfondir notre foi, la piété pour prier, la crainte de Dieu pour respecter sa grandeur.

Ces dons, nous les avons reçus à notre confirmation. Mais comme les Apôtres au Cénacle, nous devons sans cesse les raviver, les actualiser. Car l’Esprit Saint n’est pas un acquis du passé, il est une présence vivante qui se renouvelle chaque jour.

« Sans ta puissance divine, il n’y a rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti »

Quelle humilité dans cette reconnaissance ! Sans l’Esprit Saint, nos plus beaux élans se déforment, nos meilleures intentions se corrompent. Mais avec lui, tout devient possible. Les langues se délient pour annoncer les merveilles de Dieu, les cœurs s’ouvrent à l’universel, les barrières tombent.

C’est le miracle de la Pentecôte qui continue aujourd’hui : l’Esprit Saint fait de nous, malgré nos différences de culture, d’âge, de tempérament, un seul peuple, une seule famille.

Frères et sœurs, en sortant de cette célébration, nous portons en nous la flamme de la Pentecôte. Ne la laissons pas s’éteindre sous la cendre de la routine ou de la tiédeur. Que l’Esprit Saint fasse de nous des témoins joyeux, des artisans de paix, des semeurs d’espérance.

Car le monde a besoin de cette Bonne Nouvelle : Dieu nous aime, Dieu compte sur nous, Dieu agit par nous quand nous lui laissons la place.

Veni Sancte Spiritus ! Viens, Esprit Saint, renouvelle la face de la terre, en commençant par nos cœurs. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)