« Seigneur, apprends-nous à prier. » (Luc 11,1) Cette demande des disciples rejoint le souhait que beaucoup porte : comment prier ? Comment s’adresser à Dieu ? Quels sont les mots justes à employer ? La Parole de Dieu de ce dimanche nous offre une véritable école de prière.
L’audace d’Abraham, modèle de notre prière
Dans la première lecture, nous avons entendu ce dialogue étonnant d’Abraham avec Dieu. Il ose « négocier » pour sauver Sodome ! « Peut-être y a-t-il cinquante justes… quarante-cinq… trente… » Abraham ne se résigne pas. Il insiste, il plaide ! Cette scène nous révèle que Dieu nous invite à entrer en dialogue avec lui, non pas comme des serviteurs tremblants, mais comme des amis, des fils et des filles qui peuvent tout dire à Dieu, qui se révèle être un véritable Père.
Abraham nous apprend l’audace de la prière : cette confiance filiale qui nous permet de présenter à Dieu nos préoccupations les plus profondes, nos inquiétudes pour le monde, pour nos proches, pour ceux qui nous sont confiés.
Jésus nous enseigne à prier en fils
Quand Jésus répond à la demande de ses disciples, il ne leur donne pas une technique, mais il les introduit dans sa propre relation au Père. Le Notre Père n’est pas d’abord une formule à réciter, c’est l’expression de notre identité de fils et de filles de Dieu.
« Père… », ce mot peut être difficile à prononcer pour celles et ceux qui ont une relation blessée avec leur propre père… mais n’oublions jamais que le modèle de la paternité n’est pas notre propre père mais Dieu lui-même. Si nous voulons savoir comment exercer notre paternité ou notre maternité, il faut regarder comment Dieu lui-même se révèle comme père dans la bible.
« Père… » : en nous invitant à prier en commençant par ce mot, Jésus ne nous invite pas à nous adresser à un juge lointain, mais à celui qui nous aime d’un amour paternel. Nous pouvons lui demander le pain quotidien, le pardon, la protection, parce qu’il connait nos besoins avant même que nous les exprimions.
« Demandez et vous recevrez »
Cependant, dans son enseignement, Jésus va plus loin. Il nous encourage à la persévérance : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. » (Luc 11,9) Cette insistance n’est pas pour forcer la main de Dieu mais pour manifester la sincérité de notre désir et pour nous disposer à recevoir ses dons.
Le don par excellence que nous devons chercher à recevoir, et donc demander, est l’Esprit Saint ! « Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11,13) nous dit Jésus. L’Esprit Saint est le don par excellence car il contient tous les autres. C’est lui qui nous fait crier « Abba, Père ! », c’est lui qui nous unit au Christ, c’est lui qui transforme nos cœurs.
Quand nous demandons l’Esprit Saint, nous demandons de pouvoir aimer comme Dieu aime, de pouvoir pardonner comme il pardonne, de pouvoir espérer envers et contre tout. Nous demandons de devenir ce que nous sommes appelés à être : des fils et des filles à l’image du Fils unique.
Une prière qui nous transforme
Saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture : par le baptême, nous sommes morts avec le Christ et ressuscité avec lui. Notre prière s’enracine dans cette réalité nouvelle. Nous ne prions plus en esclaves de nos péchés, mais en ressuscités, en vivants pour Dieu.
Cette transformation change notre regard sur le monde. Comme Abraham, nous portons dans notre prière le souci des autres. Nous intercédons pour notre société, pour l’Église, pour tous ceux qui cherchent Dieu sans le savoir. Notre prière devient missionnaire.
Conclusion
Au cœur de cet été, emportons avec nous cette certitude : Dieu nous écoute, il nous aime, il veut notre bonheur plus que nous-mêmes. N’hésitons pas à lui parler avec la simplicité d’un enfant et l’audace d’Abraham.
Redécouvrons le Notre Père, non comme une récitation mécanique, mais comme l’expression de notre foi la plus profonde. Demandons l’Esprit Saint, guide notre prière et source de notre joie. Amen.

