Saint Paul, dans ce passage de la première lettre à Timothée, nous donne un conseil très concret : « J’encourage à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité. » (1 Timothée 2,1) Ces paroles résonnent fortement aujourd’hui. Nous vivons un temps marqué par l’instabilité politique dans notre propre pays, par des conflits terribles en Ukraine, à Gaza et dans d’autres régions du monde. Ces événements nourrissent souvent la peur, l’inquiétude, parfois la colère. Et pourtant, Paul nous invite à répondre autrement : par la prière. Prier pour les responsables politiques, même lorsqu’ils nous déçoivent ; prier pour les nations en guerre, même quand tout semble bloqué ; prier pour que la paix, la justice et la dignité puissent un jour s’imposer.
Pour cela, Paul élargit le champ de notre prière. Reconnaissons-le, nous avons parfois tendance à prier seulement pour nos proches, nos soucis personnels, nos besoins immédiats. Mais Paul rappelle que la prière chrétienne est universelle : elle n’a pas de frontières, elle ne se limite pas à ce qui nous concerne directement. Elle embrasse l’humanité entière, même ceux que nous n’aimons pas, même ceux qui nous paraissent loin de Dieu.
C’est pourquoi il nous demande de prier aussi pour les gouvernants. Même si, à l’époque de Paul, ces autorités étaient païennes et parfois hostiles aux chrétiens, il dit : « Priez pour eux. » Non pas parce qu’ils sont parfaits, mais parce que le bien commun, la paix et la justice dépendent aussi de leurs décisions. Prier pour eux, c’est demander à Dieu de les éclairer afin que chacun puisse « mener une vie calme et paisible, en toute piété et dignité » (1 Timothée 2,2).
Mais pourquoi cette ouverture universelle ? Parce que tel est le cœur de Dieu : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Timothée 2,4) Voilà une affirmation centrale de notre foi : il n’y a pas de destinés au salut et d’autres à la perdition. Dieu veut sauver tous ses enfants. Sa miséricorde n’a pas de limites. Quand nous prions pour tous, nous rejoignons le projet même de Dieu.
Et ce projet a un fondement solide : « Il y a un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, qui s’est livré en rançon pour tous. » (1 Timothée 2,5) Le Christ est l’unique pont, l’unique chemin, celui qui nous relie à Dieu. Lui-même est mort et ressuscité non pas pour quelques-uns, mais pour le monde entier. Chaque prière, chaque intercession que nous faisons, passe par lui, notre unique médiateur.
Paul conclut en invitant à prier « en élevant les mains pures, sans colère ni dispute » (1 Timothée 2,8). Cela veut dire que notre prière n’est pas seulement des mots, mais qu’elle engage notre cœur. On ne peut pas demander la paix à Dieu tout en gardant la rancune dans notre vie. La prière devient vraie lorsqu’elle nous transforme en artisans de réconciliation et de paix.
Frères et sœurs, ce que Paul nous dit trouve un écho particulier dans notre liturgie. Après l’homélie et le Credo, nous faisons ensemble la prière universelle. Elle est l’héritière directe de ce que Paul recommande à Timothée. Dans cette prière, l’Église nous demande de présenter à Dieu quatre grandes intentions : pour l’Église, pour le monde et ses dirigeants, pour les personnes qui souffrent, et pour notre communauté. C’est une école de charité : apprendre à élargir notre cœur, à ne pas rester centrés sur nous-mêmes, mais à porter dans la prière l’humanité entière.
Ainsi, quand nous prions à la messe, nous faisons résonner ce grand désir de Dieu : que tous soient sauvés. Et nous le faisons par le Christ, unique médiateur, qui rend notre prière féconde et l’élève jusqu’au Père.
Que chaque fois que nous élevons nos mains dans la prière, elles soient pures, c’est-à-dire libres de colère, de rancune, de division. Alors notre prière deviendra vraiment lumière pour le monde, et source de paix pour nos vies. Et même si tout semble obscur dans l’actualité, la prière nourrit en nous l’espérance : l’espérance que Dieu agit, même dans le secret ; l’espérance qu’aucune guerre, aucune injustice, aucune violence n’aura le dernier mot ; l’espérance que le Christ, unique médiateur, conduit l’histoire vers la réconciliation et la paix. Ainsi, chaque prière, même la plus simple, devient une semence d’espérance confiée à Dieu pour l’avenir du monde. Amen.


Je laisse un commentaire: