En ce dimanche, l’Église nous rassemble non pas dans la tristesse, mais dans la foi en la Résurrection. Ce matin, nous portons dans notre prière les noms et les visages de ceux qui nous ont quittés cette année. Et nous venons les confier à Celui qui seul peut donner la vie en plénitude : le Christ mort et ressuscité.
La liturgie de ce jour nous parle avec douceur et vérité. Le livre de la Sagesse nous l’assure : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et nul tourment n’a de prise sur eux. » (Sagesse 3,1) Voilà une parole de lumière au cœur même de nos deuils. Nos défunts ne sont pas perdus dans le néant : ils sont dans la main de Dieu. Et ce que Dieu tient dans sa main, rien ne peut le lui arracher.
Cette conviction ne supprime pas la peine, mais elle la transforme. Elle nous apprend à regarder la mort non plus comme une rupture définitive, mais comme un passage. Un passage douloureux, certes, mais vers une vie plus grande, celle où « Dieu sera tout en tous ».
Le psaume que nous avons chanté dit cette confiance : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? » (Psaume 26,1) La lumière de Dieu n’efface pas la nuit, mais elle la traverse. Elle nous permet d’avancer, pas à pas, même quand le cœur est lourd. Et cette lumière, frères et sœurs, c’est le Christ lui-même : celui qui a connu la mort, mais que la mort n’a pas pu retenir.
Saint Jean, dans sa lettre, nous rappelle que nous sommes enfants de Dieu, et que notre véritable visage n’est pas encore révélé : « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » (1 Jean 3,2) Autrement dit : ce que nous appelons “mourir” n’est pas la fin de l’histoire. C’est la naissance à ce que nous devons devenir. Nos défunts ne sont pas disparus : ils sont accomplis. Leur vie est désormais cachée en Dieu, mais elle n’en est que plus réelle.
Et dans l’évangile, Jésus nous fait cette promesse immense : « Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. » (Jean 6,37) « Je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6,40) Ces paroles, frères et sœurs, ne sont pas des paroles pour consoler à bon marché. Elles sont le cœur même de notre foi. Elles ont été dites par Celui qui a traversé la mort, et qui en est ressorti vivant.
Chaque Eucharistie nous rappelle cela. Lorsque nous célébrons la messe, nous sommes unis à nos défunts, parce qu’ils vivent désormais en Dieu, et que Dieu est présent ici. Nous ne les voyons plus, mais dans le Christ, nous demeurons liés à eux. La table du ciel et celle de la terre ne font qu’une seule table, autour du même Seigneur.
Alors, en ce dimanche, nous pouvons confier à Dieu nos larmes, nos souvenirs, mais aussi notre espérance. Nous pouvons lui dire : Seigneur, garde dans ta lumière ceux que nous aimons et qui sont partis avant nous. Accueille-les dans ta paix. Et fortifie notre foi, pour que, même au milieu du deuil, nous restions des témoins de ta Résurrection.
Parce que la dernière parole, frères et sœurs, n’est pas celle de la mort, mais celle de l’amour. Et l’amour de Dieu, rien ne peut le détruire. Amen.


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