L’Eucharistie et le commandement de l’Amour

Aujourd’hui, nous entrons dans le Triduum Pascal : trois jours qui constituent le cœur de notre foi. Dans la célébration de ce soir, nous commémorons trois évènements fondateurs : l’institution de l’Eucharistie, l’institution du sacerdoce et le testament de Jésus avec le commandement nouveau de l’amour fraternel.

L’Évangile que nous venons d’entendre nous présente Jésus qui se lève de table, dépose son vêtement et se met à laver les pieds de ses disciples. Le Maître s’agenouille devant ses disciples. Le Seigneur se fait serviteur. En effet, dans la culture de l’époque, laver les pieds était la tâche des esclaves, le service le plus humble. C’est précisément ce service que Jésus choisit.

Lorsque Pierre proteste, il exprime notre propre étonnement, voire notre résistance. Comme lui, nous avons du mal à accepter que Dieu s’abaisse ainsi. Nous préférons un Dieu majestueux, puissant… Mais Jésus insiste : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » (Jean 13,8). Pour suivre le Christ, il faut accepter son amour qui s’abaisse, qui se fait serviteur, qui va jusqu’au bout.

Et après ce geste, Jésus nous dit : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jean 13,15) Le lavement des pieds n’est pas qu’un symbole, c’est un programme de vie. Notre Dieu est un Dieu qui sert, qui se donne, qui aime jusqu’à l’extrême. Et il nous appelle à faire de même.

Au cours de ce même évènement, Jésus institue l’Eucharistie : « Ceci est mon corps livré pour vous… Ceci est mon sang versé pour vous… Faites ceci en mémoire de moi. » Dans ce pain rompu et ce vin partagé, Jésus nous donne par avance le sens de sa mort : un don total de lui-même par amour. L’Eucharistie que nous célébrons ce soir, et chaque jour, n’est pas un simple souvenir d’un évènement passé. C’est la présence réelle du Christ qui continue à se donner pour nous, à nous nourrir de sa vie.

Recevoir l’Eucharistie engage notre vie. On ne peut pas communier au Corps du Christ et rester indifférent aux souffrances de nos frères et sœurs qui sont aussi le Corps du Christ. On ne peut pas recevoir ce Don et refuser de se donner. L’Eucharistie nous transforme en ce que nous recevons : elle fait de nous le Corps du Christ pour le monde d’aujourd’hui.

C’est là que prend tout son sens le commandement nouveau que Jésus nous laisse : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13,34) Nous aimer non pas d’un amour facile, superficiel, mais d’un amour qui va jusqu’au don total. Un amour qui se fait service, qui s’agenouille devant l’autre, qui lave les pieds. Un amour qui accepte de mourir à soi-même pour que l’autre vive.

En cette nuit où Jésus sera arrêté, où il connaitra l’angoisse à Gethsémani, où il sera abandonné par ses amis, il nous laisse ces trois dons inestimables : l’Eucharistie, le sacerdoce, et le commandement de l’amour. Trois dons qui ne sont en réalité qu’un seul : celui d’un Dieu qui se donne par amour et qui nous invite à faire de même.

Ensemble, laissons-nous toucher par cet amour fou de Dieu. Laissons le Christ nous laver les pieds, c’est-à-dire purifier ce qu’il y a de plus humble en nous. Laissons-nous nourrir de son Corps et de son Sang pour devenir ce que nous recevons et engageons-nous résolument sur ce chemin de l’amour qui se fait service.

C’est à cela que le monde reconnaîtra que nous sommes disciples du Christ : non pas à nos paroles, non pas à nos rites, mais à l’amour concret que nous aurons les uns pour les autres.

Que cette célébration renouvelle en nous l’émerveillement devant l’amour de Dieu et l’engagement à en être les témoins au quotidien. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)