La croix, lumière dans nos ténèbres

Nous pouvons être étonnés de fêter de façon particulière la Croix du Christ. Pourquoi fêter un instrument de torture, de souffrance, de mort ? Pourquoi placer au cœur de notre foi ce signe qui, à première vue, est scandale et échec ?

La réponse nous est donnée par Jésus lui-même dans l’Évangile que nous venons d’entendre : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jean 3,16) Ainsi, la croix n’est pas d’abord la souffrance et la mort mais la révélation de l’amour de Dieu.

Dans la première lecture, issue du livre des Nombres, nous avons entendu ce qui s’est passé pour le peuple d’Israël dans le désert. Ils étaient fatigués, découragés, mordus par des serpents brûlants. Alors Dieu a demandé à Moïse de dresser un serpent de bronze au sommet d’un mât : ceux qui le regardaient avec confiance étaient guéris et sauvés. Ce geste annonçait le salut offert par Jésus : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » (Jean 3,14-15)

Ainsi quand nous levons les yeux vers le Christ en croix, nous ne voyons pas seulement un condamné supplicié. Nous voyons Celui qui nous aime au point de donner sa vie. Nous voyons le visage de Dieu qui ne recule devant rien pour sauver l’humanité.

Alors oui, la croix reste un mystère douloureux, parce qu’elle nous rappelle la violence, la haine, l’injustice. Mais elle est devenue un mystère lumineux, parce qu’elle nous dit que l’amour est plus fort que tout. La mort n’a pas le dernier mot. Le dernier mot, c’est la résurrection.

La croix n’est donc pas un symbole de défaite : elle est un signe de victoire. Non pas la victoire de la force et des armes, mais la victoire de l’amour qui se donne jusqu’au bout.

Pour nous, aujourd’hui, la croix est un signe de notre quotidien. Chaque fois que nous faisons le signe de croix, nous nous rappelons ce mystère. Ainsi, quand nous traçons sur nous le signe de croix, nous faisons un acte de foi profond : nous plaçons notre vie au cœur de l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. Puissions-nous ne jamais faire machinalement un signe de croix sur nous !

Quand Jésus nous invite à porter notre croix, il ne nous invite pas seulement à supporter nos difficultés. Il nous invite à choisir de le suivre dans sa manière d’aimer : pardonner quand c’est difficile, servir sans attendre de retour, continuer à espérer même dans l’épreuve.

Dans un monde où l’on cherche souvent la facilité, la croix nous rappelle que le véritable amour coûte, mais qu’il rend heureux. Dans un monde où règnent parfois la peur et la violence, la croix nous rappelle que seul l’amour peut sauver.

En ce jour de fête, contemplons la croix non pas comme un poids, mais comme une source : une source de lumière dans nos obscurités, une source de force dans nos faiblesses, une source de joie au cœur des épreuves.

La croix est glorieuse parce qu’en elle, Dieu nous a donné tout son amour. Qu’elle demeure donc au centre de nos vies. Qu’elle soit pour nous un signe d’espérance. Et que chaque fois que nous levons les yeux vers elle, nous recevions la certitude que rien, jamais, ne pourra nous séparer de l’amour du Christ. Amen.


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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)