En ce jour de la Toussaint, l’Église nous appelle à tourner notre regard vers le Ciel. Cette fête ne célèbre pas une élite spirituelle, mais une multitude innombrable de personnes « qui ont purifié leur vêtement dans le sang de l’Agneau » (Ap 7,14). C’est une célébration joyeuse de notre appel universel à la sainteté.
Dans son exhortation Gaudete et Exsultate, le pape François écrit : « Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. » (GE 1)
La sainteté n’est pas réservée à une minorité de personnes exceptionnelles ou aux religieux. Elle concerne chacun d’entre nous, dans notre quotidien : en famille, au travail, dans nos différents engagements. Le pape précise : « J’aime voir la sainteté dans le peuple patient de Dieu : chez les parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez les hommes et les femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. » (GE 7)
Ces personnes, nous les côtoyons. Ce sont peut-être nos grands-parents, un proche, une maman dévouée, un bénévole effacé… La Toussaint leur rend hommage. Et elle nous interpelle aussi.
Saint Jean l’exprime avec simplicité dans la deuxième lecture : « Voyez quel grand amour nous a été donné : nous sommes enfants de Dieu. » (1 Jn 3,1)
La sainteté ne naît pas d’abord de nos efforts, mais de notre capacité à accueillir l’amour de Dieu. On ne devient pas saint par notre seule volonté, mais en se laissant aimer et transformer par Dieu. C’est lui qui, progressivement, imprime en nous les traits de son Fils.
Le pape François écrit : « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu, et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. » (GE 15)
Voilà ce qu’est la sainteté : un choix quotidien pour Dieu, même dans l’ordinaire de nos vies.
L’Évangile proclamé aujourd’hui touche l’essence même de la sainteté. Les Béatitudes constituent une véritable charte de vie chrétienne, un autoportrait du Christ.
Le pape explique : « Les Béatitudes sont la carte d’identité du chrétien. Si quelqu’un te demande : « Que dois-je faire pour être un bon chrétien ? », la réponse est simple : il faut faire, chacun à sa manière, ce que disent les Béatitudes. » (GE 63)
Heureux les pauvres de cœur : ceux qui reconnaissent que tout leur vient de Dieu. Heureux les doux : ceux qui refusent de répondre à la violence par la violence. Heureux les miséricordieux : ceux qui pardonnent et relèvent plutôt que de condamner. Heureux les artisans de paix : ceux qui bâtissent des liens plutôt que de diviser. Heureux les persécutés pour la justice : ceux qui, malgré l’épreuve, restent fidèles à l’Évangile.
Les Béatitudes ne sont pas des utopies. Elles révèlent simplement le regard de Dieu sur le monde et nous appellent à vivre à la manière de Jésus.
Frères et sœurs, la sainteté ne se mesure pas à la quantité de nos prières, mais à l’authenticité de notre amour. Le pape François évoque une « sainteté de la porte d’à côté » (GE 6) : celle des personnes ordinaires qui vivent discrètement l’Évangile.
Songeons à tous ceux qui, dans nos communautés et nos familles, ont aimé, pardonné, servi et prié dans la discrétion. Ces visages rayonnants sont comme des fenêtres ouvertes sur le Ciel. Ils nous prouvent que la sainteté est à notre portée et même nécessaire dans notre monde actuel.
Être saint, c’est s’engager concrètement, comme le levain dans la pâte, pour y faire grandir l’amour de Dieu.
La Toussaint est une fête d’espérance. Elle proclame que la mort n’est pas une fin. Elle affirme que notre existence, même modeste, revêt une dimension éternelle. Elle oriente notre regard vers le Ciel, vers cette assemblée immense qui nous attend déjà.
Alors, frères et sœurs, en ce jour, ne nous arrêtons pas à nos faiblesses, mais contemplons le Christ qui nous appelle. Ne disons pas : « Ce n’est pas à ma portée », mais plutôt : « Seigneur, aide-moi à devenir ce que je suis : ton enfant, ton saint. »
Que cette Eucharistie nous unisse à tous les saints, célèbres ou anonymes, afin que nous marchions sur leurs traces, jusqu’au jour où nous chanterons avec eux : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » (Apocalypse 7,12)


Je laisse un commentaire: