Nous célébrons aujourd’hui, comme tous les 9 novembre, la dédicace de la Basilique du Latran, cathédrale de Rome, mère et tête de toutes les églises du monde. Pourquoi une telle fête en l’honneur d’une église qui peut sembler bien loin de nos villages et de notre paroisse ? C’est une manière de célébrer, de façon particulière, notre communion avec l’Église universelle et notre unité autour du successeur de Pierre.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus accomplit un geste saisissant : il chasse les marchands du Temple. Sa colère n’est pas celle d’un homme qui perd son sang-froid, mais celle d’un prophète qui voir profaner la maison de son Père : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » (Jn 2,16)

Et il ajoute, quand on lui demande un signe : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » (Jn 2,19) Les disciples ne comprendront ces mots qu’après la résurrection : Jésus parlait du temple de son corps. Le véritable temple, le lieu où Dieu et l’humanité se rencontre définitivement, c’est le Christ lui-même.

Par notre baptême, nous sommes unis au Christ. Nous sommes devenus des temples de l’Esprit Saint. C’est ce que saint Paul nous rappelle avec force : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16)

Prenons-nous vraiment conscience de cette dignité extraordinaire ? Dieu n’habite pas seulement dans nos églises de pierre. Il habite en chacun de nous. Notre corps, notre cœur, notre vie tout entière sont appelés à être sa demeure.

Cette réalité change tout ! Cela signifie que chacune de nos actions, chacune de nos paroles, chacune de nos pensées se déroulent dans le temple de Dieu. Comment vivons-nous cette présence de Dieu en nous ? Comment prenons-nous soin de ce temple intérieur ? Comment gardons-nous ce temple ? Quelles actions je mets en œuvre pour ne pas me laisser envahir par les marchands de l’éphémère que sont l’agitation, la médiocrité et l’égoïsme ?

Mais nous ne sommes pas des temples isolés. Saint Pierre nous dit que nous sommes « les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel. » (1P 2,5). Chacun de nous est une pierre, et ensemble, unis au Christ qui est la pierre angulaire, nous formons l’Église.

Et c’est là que la fête d’aujourd’hui prend tout son sens. En célébrant la dédicace du Latran, cathédrale de l’évêque de Rome, nous célébrons notre appartenance à l’Église universelle. Nous sommes membres d’une famille qui dépasse les frontières de la paroisse, du diocèse, de notre pays.

Cette fête nous rappelle que nous ne sommes pas une communauté qui s’invente elle-même, mais que nous sommes enracinés dans la communion avec le successeur de Pierre et avec nos frères et sœurs en Christ à travers le monde. Cette unité n’est pas uniformité, mais communion dans la diversité, symphonie de l’Esprit Saint.

Si nous sommes le temple de Dieu, alors nous sommes appelés à la sainteté. Tout comme nos églises sont consacrées, purifiées, réservées au culte de Dieu, notre vie doit être consacrée à Dieu. Cela ne signifie pas fuir le monde, mais transfigurer notre quotidien. Que notre travail devienne prière, que nos relations deviennent charité, que nos épreuves deviennent offrande. Faisons de toute notre vie un culte spirituel agréable à Dieu.

Et comme Jésus a purifié le Temple, laissons-le purifier nos cœurs. Interrogeons-nous : qu’est-ce qui, dans notre vie, profane le temple que nous sommes ? Quels sont les « marchands » que nous devons chasser : l’orgueil, la rancune, l’indifférence, l’attachement excessif aux biens matériels ?… 

En cette fête de la Dédicace du Latran, rendons grâce pour le don de l’Église. Rendons grâce pour nos églises où nous pouvons nous rassembler. Mais surtout, rendons grâce parce que nous sommes devenus, par le Christ, temples du Dieu vivant.

Que l’Esprit Saint habite en nous. Qu’il nous transforme, qu’il nous sanctifie, qu’il fasse de nous des pierres vivantes solidement unies au Christ, pour la construction de son Royaume. Amen.