Des ténèbres à la lumière: le chemin pascal de notre foi.

En cette nuit très sainte, nous voici rassemblés pour vivre le cœur de notre foi. Depuis le feu nouveau que nous avons allumé jusqu’à l’annonce triomphante de la Résurrection, tout dans cette célébration nous parle du passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.

Notre veillée a commencé dans la nuit, autour du feu nouveau. Ce feu qui perce les ténèbres nous rappelle que le Christ est la lumière du monde. À partir de ce feu, nous avons allumé le cierge pascal, signe du Christ ressuscité qui nous guide. En suivant cette lumière dans l’église obscure, nous avons vécu le passage de la mort à la vie. L’Exultet, ce chant de joie, a proclamé la victoire définitive du Christ sur les forces de la mort.

Puis, nous avons écouté les grandes pages de notre histoire sainte. Depuis le récit de la Création où Dieu, par sa Parole, fait surgir la lumière des ténèbres et la vie du néant, jusqu’au sacrifice d’Abraham, signe de confiance absolue en la promesse divine. Nous avons revécu l’expérience fondatrice de l’Exode, où le peuple hébreu passe de l’esclavage à la liberté à travers les eaux de la mer Rouge. Ces eaux qui détruisent et qui sauvent préfigurent déjà le baptême chrétien.

Les prophètes Isaïe, Baruch et Ézéchiel nous ont ensuite parlé de l’Alliance nouvelle et éternelle, de cette eau vive qui purifie et régénère, de ce cœur de pierre transformé en cœur de chair. Dieu n’abandonne jamais son peuple et renouvelle sans cesse son alliance avec nous.

Dans l’épître aux Romains, saint Paul nous rappelle que par le baptême, nous avons été plongés dans la mort avec le Christ pour ressusciter avec lui à une vie nouvelle. Dans quelques instants, nous allons renouveler les promesses de notre propre baptême, nous souvenant que nous sommes passés de la mort à la vie, du péché à la grâce.

Et enfin, l’Évangile selon saint Luc nous a raconté la découverte du tombeau vide. Ces femmes fidèles, venues avec des aromates pour embaumer le corps de Jésus, découvrent stupéfaites que la pierre est roulée et que le tombeau est vide. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Luc 24,5) Cette question bouleversante résonne encore pour nous aujourd’hui. Combien de fois cherchons-nous la vie là où elle ne peut être ? Dans nos sécurités illusoires, nos habitudes confortables, nos certitudes figées ?

Le Christ n’est pas un souvenir à embaumer. Il est le Vivant qui nous précède en Galilée ! Cette Galilée, c’est le lieu de notre quotidien, de nos familles, de notre travail, de nos joies et de nos peines. C’est là que le Ressuscité nous attend.

Quand les femmes rapportent cette nouvelle aux apôtres, « leurs propos semblèrent délirants et ils ne les croyaient pas. » (Luc 24,11) N’est-ce pas touchant ? La plus grande nouvelle de l’histoire est d’abord accueillie comme un délire ! Cela nous rassure dans nos propres doutes. La foi n’est pas une évidence ; elle est un chemin, une rencontre personnelle avec le Vivant.

Pierre, pourtant, se lève et court au tombeau. Il ne comprend pas encore, mais il fait un pas. Et nous ? Oserons-nous ce soir nous lever et courir vers la vie nouvelle que Dieu nous propose ?

Toute cette liturgie, avec ses symboles puissants – le feu, l’eau, la lumière, la Parole – nous fait revivre notre propre passage pascal. Du feu nouveau à l’Alléluia retrouvé, du Gloria solennel jusqu’à l’Eucharistie que nous allons partager, tout nous parle de cette victoire de la vie sur la mort.

Notre monde connaît encore tant de « vendredis saints » : guerres, injustices, souffrances. Mais cette nuit nous proclame qu’aucun tombeau ne peut retenir l’amour de Dieu. Le Christ est ressuscité, et avec lui, c’est l’humanité entière qui est appelée à se relever.

En sortant de cette célébration, soyons les témoins de cette espérance. Comme les disciples d’Emmaüs, que nos cœurs soient brûlants de cette Bonne Nouvelle. Comme les anges au tombeau, osons annoncer joyeusement : « Il n’est pas ici, il est ressuscité ! » (Luc 24,6) Que la lumière pascale que nous avons reçue ce soir éclaire tous nos chemins, même les plus obscurs, et transforme nos vies quotidiennes.

Que cette joie pascale rayonne sur nos visages et se communique à tous ceux que nous rencontrerons. Car nous sommes désormais le peuple de la Résurrection, appelés à vivre dès maintenant en ressuscités.

Christ est ressuscité ! En vérité, Il est vraiment ressuscité !


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Une réponse à « Des ténèbres à la lumière: le chemin pascal de notre foi. »

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A propos de moi

Prêtre du diocèse d’Amiens, je suis actuellement curé des paroisses Sainte Colette des Trois Vallées (Corbie) et Saint Martin de l’Hallue (Querrieu)