En ce deuxième dimanche de Pâques, dimanche de la Divine Miséricorde, nous nous retrouvons avec les disciples réunis dans une maison, les portes verrouillées par crainte : Marie Madeleine leurs a témoigné de sa rencontre avec le Ressuscité. Pierre et Jean ont vu le tombeau vide. Qu’est-ce que cela signifie ? Comment croire et témoigner d’une nouvelle aussi incroyable ? Que vont dire les autres ?
Et c’est là que le Christ ressuscité se rend présent, au cœur de leur peur. Ce qu’il dit d’abord n’est pas un reproche, mais une parole de bénédiction : « La paix soit avec vous.» (Jean 20,19)
1. Le Ressuscité entre dans nos enfermements
Cette parole est essentielle. Jésus n’attend pas que ses disciples soient prêts. Il ne leur demande pas de se justifier. Il vient à eux, là où ils en sont, avec douceur et vérité. Il ne force rien, mais il est là. C’est lui qui prend l’initiative.
Et c’est vrai pour chacun de nous : le Christ se rend présent à nous dans nos enfermements, nos angoisses, nos culpabilités. Il ne reste pas dehors. Et ce n’est pas au sommet de nos réussites qu’Il nous attend. Il vient au creux de nos faiblesses, pour nous donner la paix.
Cela nous invite à nous interroger : quelles sont les portes verrouillées de mon cœur ? Là où je n’ose plus espérer, là où je me suis replié, peut-être par peur, par fatigue, ou par blessure. Le Ressuscité peut entrer même là, et nous redonner la paix.
2. Ses plaies glorifiées : le signe de sa miséricorde
L’Évangile ajoute : « Il leur montra ses mains et son côté. » (Jn 20,20) Ces plaies, ce sont les traces de sa Passion. Elles ne sont pas effacées par la Résurrection. Elles sont glorifiées : elles deviennent les signes visibles de l’amour qui sauve.
Autrement dit, le Christ ressuscité n’efface pas la croix. Il l’assume et la transforme. Voilà la miséricorde de Dieu : un amour qui va jusqu’au bout de la souffrance humaine, pour la transfigurer.
Le Ressuscité n’apporte pas une paix superficielle. Il ne fait pas semblant. Il porte en lui nos blessures, et les guérit en les assumant.
Et nous, nous sommes appelés à reconnaître dans ses plaies ouvertes le lieu où chacun peut venir puiser pardon, consolation, force.
3. Thomas : un frère pour ceux qui doutent
Le récit se poursuit avec Thomas, l’un des Douze, appelé le « jumeau »… mais le jumeau de qui ? Peut-être mon jumeau ?
Thomas était absent lors de la première apparition. Quand les autres lui annoncent la bonne nouvelle, il ne peut pas y croire. Il veut voir, toucher, vérifier. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais un besoin de comprendre.
Quand Jésus revient, huit jours plus tard, il respecte cela. Et il invite Thomas à s’approcher : « Avance ton doigt ici… mets ta main dans mon côté. » (Jn 20,27) Jésus ne le condamne pas. Il lui tend la main. Et Thomas, touché par tant de miséricorde, prononce l’une des plus belles professions de foi de tout l’Évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20,28)
Cela aussi est un message fort pour nous : la foi n’exclut pas le doute. Le doute fait parfois partie du chemin. Il peut devenir une étape vers une foi plus profonde, plus personnelle. Dieu ne rejette pas ceux qui doutent. Il les rejoint, il les accompagne.
Thomas nous rappelle que nous sommes tous en chemin… et que je suis invité à être un témoin du Ressuscité, patient et plein de bienveillance, pour celui qui doute, qui cherche.
4. Une Église envoyée dans la paix et la miséricorde
Enfin, Jésus souffle sur ses disciples et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez les péchés, ils seront remis. » (Jn 20,22)
C’est un geste très fort : le souffle du Ressuscité fait naître l’Église. Comme Dieu avait soufflé sur Adam pour lui donner la vie, Jésus souffle aujourd’hui sur ses disciples pour faire d’eux des hommes nouveaux.
Et leur mission est claire : annoncer le pardon, porter la miséricorde, libérer du péché. Voilà le cœur de l’Évangile. Voilà ce que nous sommes appelés à vivre et à transmettre.
Conclusion
C’est avec les mots du pape François, lors de la Veillée Pascale 2013 que je souhaite conclure. Lors de son homélie, il nous a invité à accueillir le Ressuscité dans nos vies. Voilà ce qu’il nous disait :
« Accepte alors que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance : Lui est la vie ! Si jusqu’à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas: il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aies pas peur, fais-lui confiance, sois sûr que Lui, il est proche de toi, il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut. »
Et n’oublions pas cette promesse de Jésus, qui résonne comme une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jean 20,29) Amen.

